Mine et mineurs d’or de Salsigne (Aude)

Cette page consacrée à la mine d’or de Salsigne regroupe une partie des documents et des 1500 photographies (diapositives et papier) résultat des différents reportages et visites réalisés par Pierre-Christian Guiollard entre 1972 et la fermeture de la mine en 2004.

Ces reportages réalisés au fond, dans les usines et les installations du jour n’auraient pas pu se faire sans l’aide et l’accueil toujours bienveillant des mineurs, des ouvriers et des techniciens, des géologues et sans l’accord des différents directeurs de la société. Parmi eux je remercierai tout particulièrement messieurs Carle, Gallet, Crouzet, Tallayssat, Chiron, Derosier, Forner, Grossin et Cozzoli. 

Dédicace toute particulière aux mineurs des derniers postes du matin et de l’après-midi qui, ce mois de juillet 2004, m’ont accordé l’honneur et le privilège de partager avec eux ces instants émouvants d’une dernière prise de poste avant la fermeture de la mine et de fixer sur la pellicule ces instants. Messieurs El Bekkage, Fritiss, Oustric, Tisseyre, Vaissière, Volle (poste du matin) et messieurs Belogie, Dhomps et Pena (poste d’après-midi). – Photographies uniques et historiques, étant le seul photographe présent à cet instant.

La mine d’or de Salsigne (Aude) se situe sur les contreforts de la Montagne Noire à 15 km au Nord de Carcassonne. Fermée depuis 2004, elle fut la plus importante mine d’or d’Europe Occidentale avec une production totale de l’ordre de 120 tonnes d’or pour l’ensemble du district (Malabau, Villardonnel, Villanière et Salsigne) sur près d’un siècle d’exploitation. La mine a produit également de l’argent, du cuivre, de l’arsenic et du bismuth.

Aperçu géologique (A. Chiron et H. Forner)

Le gisement de Salsigne était estimé à 200 tonnes d’or dont environ 120 tonnes ont été exploitées. L’originalité du district de Salsigne réside dans l’existence de deux gisements superposés, l’un dit traditionnel, l’autre dit 3a/2X. Le gisement traditionnel est reconnu dans deux contextes différents, l’un au sein de l’unité cambrienne du Nord Minervois, dans la synforme de Fournes-Salsigne (Fontaine de Santé), l’autre le long du plan de chevauchement de l’unité du Minervois central sur celle du Nord Minervois (Croiseur et Sud).

Le gisement 3a/2X est essentiellement localisée au contact des schistes X tardi-protérosoïques et les calcschistes dévoniens 3a constituant l’enveloppe de la synforme. Des minéralisations « perchées » existent aussi au au toit et d’autres sont enracinées dans les schistes X du mur.


Les minéralisations sulfurées

Les minerais sont principalement constitués de sulfures, l’arsénopyrite (mispickel) est prédominante dans la quasi totalité des formations. Viennent ensuite la pyrite, et la pyrrhotite et à un degré moindre la chalcopyrite (principal source de cuivre produit par la mine). Sont également présentes la bismuthinite, la galène, la marcassite et la sphalérite (blende). Un cortège de minéraux secondaires d’altération accompagne ces sulfures, certains remarquables, notamment dans la famille des arséniates et des minéraux du cuivre. Pour plus de détails nous renvoyons les lecteurs vers les articles rédigés par H. Forner, G. Favreau, N. Meisser et D. Descouens parus dans la revue le Règne Minéral, hors série n°3, Editions du Piat, 1997.


Pour les détails de l’historique de la mine de Salsigne et des méthodes de traitement, voir mes articles rédigés sur le sujet :

hors série n°3, Editions du Piat octobre 1997, pp 31 à 34.


Avertissement : Le District minier de Salsigne a été exploité pendant près d’un siècle. De nombreux débats et polémiques ont eu lieu et ont encore lieu sur le sujet de l’environnement et la santé des personnes, toutefois, cette page sur la mine de Salsigne n’a aucune prétention à vouloir alimenter ces débats ou à prendre position. Ces photos et ces informations reflètent la vision d’un historien des sciences et des techniques, petit fils de mineur (de charbon), elle a pour but d’apporter un témoignage, de retracer l’histoire industrielle d’une région et de rendre hommage aux hommes, et aux femmes (trieuses de minerai, employées aux tâches administratives et à l’usine), qui, pendant des décennies, ont travaillé durement dans les usines et au fond des galeries de la mine de Salsigne. 

Toute reproduction totale ou partielle des photographies est interdite sans autorisation de l’auteur.


Les débuts des mines de Salsigne et Villanière

cartes postales anciennes 1910 – 1935collection PCG

L’histoire moderne des mines de Salsigne remonte à 1877. C’est de cette période que datent les premiers travaux miniers pour l’exploitation du fer. En 1892, la présence d’or et reconnue dans les minerais de fer. Dès lors, outre la concession de Salsigne, Sept autres concessions seront accordées dans la région, les concessions de Villanière, Malabau, Villardonnel, Lastours, Pujol, La Caunette, Cabrespine. Salsigne et Villanière ayant assurer l’essentiel de la production.


La Société des Mines et Produits Chimiques de Salsigne (MPCS)

Salsigne chevalement du puits Bru en 1978

1972 – 1978, . Vues de la mine et des environs – © PCG

Le puits Bru, profond de 362 mètres fut, jusqu’en 1981, le puits d’extraction principal de la mine de Salsigne.


1987 – MPCS, la mine souterraine – © PCG

En mars 1980, le BRGM prend le contrôle de la mine de Salsigne. Dopé par la hausse des cours de l’or, l’exploitation est relancée et un nouveau puits est foncé en 1981 et achevé en 1983 : le puits Castan profond de 366 m,



1987 – MPCS, la mine à ciel ouvert – © PCG

L’arrêt du puits Bru en 1981 permet l’ouverture d’une mine à ciel ouvert pour exploiter le minerai laissé en place comme stot de protection du puits ainsi que les minerais trop pauvres pour être pris par travaux souterrains.


1987 – MPCS, l’usine de traitement par pyrométallurgie de la Combe du Sault – © PCG

Dès l’origine, le traitement des minerais par pyrométallurgie fut employé aux mines de Salsigne et de Villanière. Le traitement consistait, après broyage, à concentrer par flotation les sulfures contenant l’or (pyrite, arsénopyrite, chalcopyrite et pyrhotite). Ces concentrés étaient ensuite agglomérés pour être fondus dans un four water-jacket afin d’obtenir des « mattes » contenant les différents métaux contenus dans les minerais (fer, cuivre, argent et or). Les gaz contenant le soufre, l’arsenic et le bismuth suivaient un autre circuit de condensation afin de récupérer ces autres produits. Les mattes obtenues étaient alors envoyés dans une usine en Belgique afin de séparer les différents métaux. Cette méthode de traitement fut temporairement abandonnée entre 1939 et 1954 au profit de la cyanuration puis reprise jusqu’en 1991, date d’arrêt définitif de cette méthode de traitement.


1991 – Mineurs en colère 

Arrêt de la mine, grève © PCG

Les difficultés financières de la mine conduisent la direction à mettre au chômage technique les employés de la mine. La fermeture de la mine est envisagée. Les mineurs occupent alors les installations et lancent les gigantesques dumpers de la mine à ciel ouvert à l’assaut de la préfecture de Carcassonne. L’occupation dura plusieurs mois mais en vain, la société est mise en liquidation judiciaire et la mine ferme en septembre 1991.


1992, MOS, la reprise australienne

Après la fermeture de la mine en 1991, plusieurs candidats se sont portés acquéreurs de la mine de Salsigne. Le Tribunal de Commerce décide alors de scinder lle domaine de la Société des Mines et Produits Chimiques de Salsigne en trois entités distinctes :

  • l’usine de pyrométallurgie reprise par un groupement de sociétés formant la Société d’Exploitation Pyrométallurgique de Salsigne (la SEPS). Cette société déposera son bilan en 1996.
  • L’usine de cyanuration de Lastours qui retraitait les rejets de laverie est reprise par le groupe Herbinger.
  • La mine est reprise par les groupes australiens Eltin Ltd et Orion ressources NL pour former la nouvelle société de droit français : Mines d’Or de Salsigne (MOS).

1996 – Mines d’Or de Salsigne (MOS), la mine souterraine – © PCG.

En 1997, le groupe australien MOS investi 200 millions de francs. 207 personnes travaillent à la mine. Au fond, le matériel est modernisé avec 3 jumbos de foration SECOMA, 5 chargeurs transporteurs (Toro 500, 400, CT 300 et CTX), un camion minier Toro 40D. Le puits Castan est approfondi pour être équipé d’un skip capable de remonter 10 tonnes de minerai par cordée. Le roulage par berline est supprimé. En 1998, les travaux miniers totalisaient près de 100 km de galeries, étagés sur 500 m de hauteur. Les chantiers productifs étaient situés entre les cotes +230 et -90.

1996 – Mines d’Or de Salsigne (MOS), la mine à ciel ouvert – © PCG.

Le développement de la mine à ciel ouvert a nécessité une découverture importante réalisée au moyen d’engins très performants notamment une pelle Libherr 992 et quatre camions Caterpillar 777. En 1998, la teneur moyenne du minerai extrait était de 6,5 g/t et la production annuelle de l’ordre de 347 000 tonnes de minerai.


1996 – Mines d’Or de Salsigne (MOS), la nouvelle usine – © PCG.

Lors de la reprise de 1994, pour des raison environnementales et économiques, il fut décidé d’abandonner la pyrométallurgie au profit du traitement des minerais par cyanuration. Le nouveau traitement se décompose en sept étapes : Concassage, broyage, flottation, cyanuration, élution des charbons, électrolyse et fusion.


2003 – Mines d’Or de Salsigne (MOS), la fusion – © PCG

Les métaux (or et argent) fixés sur les cathodes des cuves d’électrolyse sont ensuite fondus et coulés en lingots de « doré » dont la teneur moyenne est de l’ordre de 65 % d’or et 25 % d’argent, plus 10 % d’autres métaux dont le cuivre.



Juillet 2004, la fin d’un siècle d’exploitation de l’or à Salsigne

Avec l’arrêt de la mine de Salsigne, ce sont 130 années d’histoire minière qui s’achèvent. Plus de 120 tonnes d’or ont été extraites du sous-sol de cette région de l’Aude. La mine à ciel ouvert a cessé son activité au mois d’avril 2004 et la mine souterraine au mois de juillet 2004. Depuis 1924, ce sont 15 millions de tonnes de minerai qui auront été extraites et traitées pour la seule mine de Salsigne, produisant 105 tonnes d’or et 245 tonnes d’argent. Le reste, soit environ 15 tonnes d’or ont été extraites des concessions avoisinantes.

juillet 2004 – Mines d’Or de Salsigne (MOS), le dernier poste – © PCG

Des images qui se passent de commentaire, merci et bravo messieurs.